La porcelaine est, depuis sa création, et encore de nos jours, un objet d'artisanat
et même parfois d’art, très prisé pour son raffinement et sa beauté.
Pour confectionner de la porcelaine, on utilise du kaolin, une argile blanche à laquelle on ajoute de la poudre de quartz et du feldspath. En fonction des époques, la pâte de porcelaine est façonnée de différentes manières pour former l’objet désiré avant d'être cuite une première fois à environ 1000 degrés celsius pendant 24h. Elle est ensuite trempée dans de l’émail dont la couleur varie entre les périodes et régions. Le procédé est répété une seconde fois à 1400 degrés Celsius ce qui la classe dans la catégorie des biscuits.
Grâce à ce procédé de cuisson, la porcelaine se vitrifie et laisse passer la lumière, on peut donc voir à travers. La porcelaine peut être laissée blanche ou peinte. Les styles artistiques ont beaucoup évolué au fil du temps, certains styles comme les porcelaine Kakiemon du japon sont recherchées par tous les collectionneurs. La porcelaine est donc un produit d’artisanat très fin, qui demande des artisans qualifiés, un matériel de pointe et des ingrédients coûteux.
Les premières porcelaines auraient été produites en Chine au début de la dynastie Tang, vers 618. Elles se développent ensuite principalement dans le village chinois de Jingdezhen. Capitale mondiale de la porcelaine, elle est le siège de l’administration impériale chinoise de la porcelaine à partir de 1319. Sur 100 000 habitants, on y recense 18 000 potiers au XVIIe siècle. Les eaux du fleuve Yangtsé qui la borde sont connues pour leur pureté et participent à la qualité de la porcelaine. Ses fours sont particulièrement réputés pour leur capacité à donner une porcelaine d’excellente qualité. En effet, pour obtenir des températures aussi hautes que l’Europe mettra encore plus d’un siècle à atteindre, des fours spéciaux sont nécessaires. La position des porcelaines dans le four et le type de combustibles utilisés affecte beaucoup le rendu, surtout pour la gamme de couleur.
Ainsi, chaque four porte un nom et les porcelaines sont réparties en familles, souvent avec un style spécifique, nommé d'après le four dont elles sont issues. Seuls 188 sites d’anciens four ont été répertoriés dans l'ensemble de la Chine, ils sont donc rares. La valeur de la porcelaine vient en effet en partie de la matière nécessaire à sa fabrication. Le Kaolin qu’elle requiert n’est pas une ressource simple à trouver et la fortune de la ville est issue de la simple chance d’avoir un gisement à proximité. Le Kaolin est d’abord récolté sur le mont Macang puis après l'épuisement du gisement, aux abords de la ville dans les carrières de Gaoling, dont il tire son nom. Après son épuisement au XVIe siècle, de nouveaux filons sont exploités dans d’autres régions. L’empire utilise la porcelaine pour son service personnel et pour en faire des cadeaux diplomatiques, il surveille donc avec attention sa production.
La production chinoise s'arrête cependant brutalement vers 1645. En effet, la dynastie des Ming est en train de s'effondrer au profit des Qing. La guerre civile occasionne la destruction de la plupart des fours et un arrêt de la production de porcelaine locale. Dès 1650, le Japon dont la porcelaine chinoise représentait 3/8ème des importations fait alors venir de Chine en grande quantité de peinture à porcelaine. Il développe alors la porcelaine d’Imari, du nom du port dont sont envoyées les porcelaines en direction de Nagasaki. On les appelle aussi porcelaines d’Akita, du lieu où elles sont produites.
Les hollandais importaient avant la guerre toute leur porcelaine de Chine, tout comme les japonais. En effet, elle était très appréciée pour son rôle dans la consommation de thé, que ce soit dans les cérémonies du thé traditionnelles japonaises ou dans les élégants salons d’Europe. Outre la qualité, la Chine avait su s’adapter au marché européen, en adaptant ses dessins, ses couleurs et la forme des objets aux goûts des occidentaux. Les porcelaines les plus populaires étaient bleues et blanches avec souvent des motifs floraux ou des dessins très fins, riches en détails.
Le Japon récupère donc le marché vers 1660 mais doit lui aussi s’adapter. Les pièces blanches unies ne plaisent pas aux européens. Ils importent donc de la peinture chinoise et imitent les styles populaires. Ces imitations entraînent un mouvement de copie entre les ateliers où chaque nouveau motif dessiné par un potier fleurit les boutiques dès le lendemain.
Un mouvement d’échange s’amorce entre les trois nations. Les hollandais font des dessins et des moules de leurs porcelaines chinoises préférées ou des modèles qu’ils aimeraient avoir et les envoient au Japon pour la production. Ces modèles japonais de porcelaines dessinées par des européens et basé sur des objets chinois amènent à l'émergence de nouveaux styles qui mélangent ces cultures. Les hollandais exportent même des grandes quantités de cobalt au Japon pour donner la couleur bleu qu’ils apprécient tant, créant un modèle de production semblable à notre modèle économique actuel constitué d’objet produit morceaux par morceaux dans divers pays.
Durant la guerre, puis pendant la restauration du pays et la remise en état des four, la Chine consomme elle aussi de la porcelaine japonaise, pour ses usages du quotidien ou pour les cérémonies. Si le Japon à du mal à suivre le rythme des commandes les premières années, il s’habitue rapidement, et tire de grands profits de ce commerce en vendant plus cher que la Chine ses porcelaines à l’Europe.
Ce commerce perdurera jusqu'à la reprise de la Chine au milieu du XVIIIe siècle ainsi qu’aux premières productions de porcelaine européenne au même moment, qui mettront conjointement fin au commerce onéreux des porcelaines japonaises.