Créé en 2006, le Festival Kinotayo est le premier en France à mettre à l’honneur le cinéma japonais contemporain. Chaque année, il sélectionne des œuvres récentes, produites dans les 18 derniers mois, et les présente en avant-première au public français. L’ambition du festival est de révéler le regard des réalisateurs japonais sur des problématiques sociétales partagées entre le Japon et la France. Loin des stéréotypes souvent associés à la culture japonaise, il offre une plongée sensible dans la richesse et la diversité du septième art nippon.
Cette année, nos adhérents ont eu la chance d’assister à la projection du film Septembre 1923 à la Maison de la Culture du Japon, en présence du réalisateur Tatsuya Mori.
Ce film retrace un épisode tragique de l’histoire japonaise : le massacre d’un groupe de marchands itinérants, pris à tort pour des Coréens, par les habitants d’un petit village. Avec une grande finesse, Tatsuya Mori dépeint des personnages ordinaires, préoccupés par leurs soucis quotidiens, mais entraînés dans une spirale de violence par la peur, l’ignorance et le nationalisme aveugle. Les mécanismes de désinformation et de simplification à l’œuvre dans ce village de 1923 trouvent une résonance troublante avec les dynamiques médiatiques et politiques contemporaines. Ainsi, hier comme aujourd’hui, le film rappelle combien il est crucial de questionner ces dynamiques pour éviter qu’elles ne se reproduisent.
Tatsuya Mori a souligné, lors du débat qui a suivi, que cet événement tragique – le massacre de Japonais par leurs propres compatriotes – reste une plaie ouverte dans la mémoire collective du Japon. Toutefois, il a également insisté sur la nécessité de ne pas occulter une tragédie encore plus vaste : celle de la marginalisation et des massacres systématiques des minorités, orchestrés par le gouvernement japonais et soutenus par une partie de la population tout au long du XXe siècle.
À travers ses projections et les débats qu’il suscite, le Festival Kinotayo poursuit un dialogue culturel et historique entre la France et le Japon, invitant chacun à apprendre de l’histoire de l’autre pour mieux éclairer son propre passé.